lundi 10 décembre 2007

Conte de Noël

Il y a des ces gens qui viennent vous chercher dans les tripes. Sans que vous ne sachiez pourquoi, sans que ça ne soit de l'amour, ils vous revirent à l'envers. Ça peut arriver relativement souvent comme situation, du moins moins ça me frappe de temps à autre. Mais c'est lorsque la personne qui vous fait ressentir ça ne vous ressemble pas du tout que c'est dangereux. Surtout lorsque vous êtes en couple. C'est la mode, voici un conte de Noël: TITRE??

 

Décembre, il y a quelques années; j'étais en couple avec M. Data depuis un an et demi, nous filions le parfait bonheur (ou à peu près). J'avais une gang d'amis sur un forum destiné à la communauté homosexuelle québécoise en général. J'y étais souvent, les sujets étaient intéressants, on n'y parlait pas seulement de sexe (en fait pas du tout, ou du moins pas de façon pornographique), c'était très convivial et amical. Plusieurs membres allaient et venaient, comme dans tous les forums du genre, certains revenaient après une pause, d'autres y étaient à la fondation et doivent encore y être.

 

Un jour, il y a eu ce membre, Crisco. Un jeune éphèbe, qui correspondait à mes critères physiques de l'époque: mince, imberbe, mâchoire carrée, bien définie. Il avait une drive sexuelle, même sur Internet, à laquelle je pouvais difficilement résister, une façon de me parler, de partager ses fantasmes, de me faire imaginer des choses, ma foi, incroyables. Le soir, souvent, on se jasait sur MSN alors que M. Data était absent, on allumait nos webcams, on s'excitait mutuellement, chacun dans le dos de notre copain.

 

Lorsqu'on parlait d'autre chose que de sexe, je me rendais compte que je ne pourrais jamais aller plus loin qu'une rencontre physique avec lui; nous étions tous les deux engagé amoureusement, n'avions pas grand intérêts communs, il avait des problèmes de consommation d'alcool et de drogue, bref j'avais mis le doigt dans un engrenage dont l'issue était prévisible.

 

Néanmoins, je voulais le voir davantage. Un de ces soirs de décembre, un party de Noël était organisé par le noyau montréalais du forum dans un restaurant du Village. Mon copain et moi y étions, de même qu'une vingtaine de membres, pour un souper somme toute agréable, avec un petit échange de cadeaux, bref un truc sympathique. Je voyais plusieurs membres pour la première fois en «vrai», dont Crisco... qui était vraiment très beau. Même si notre incompatibilité était flagrante.

 

Après le souper, quelques membres sont allé danser. Mon copain m'a laissé aller, il n'aimait pas danser de toute façon. Nous sommes donc allé au club, une dizaine de personnes au total, nombre qui a fondu à quatre à la fin; il y avait Crisco, mon meilleur ami de l'époque, une membre et moi-même. À un moment, Crisco est allé à la salle de bain... et j'ai été le rejoindre après quelques secondes. Rien de bien choquant ne s'y est produit... je me suis assis sur le comptoir, il était dos à moi, devant un urinoir, et nous nous sommes embrassés. Je n'ai rien vu, rien touché... mais ce fut un baiser passionné, profond... parfait, malheureusement.

 

Cette scène, je n'en ai parlé à personne. Personne n'était dans la salle de bain en même temps que nous. Pourtant, quelques jours plus tard, M. Data m'a appelé au bureau, pour me dire qu'il savait. Qu'il savait que j'avais embrassé quelqu'un au bar, dans son dos, que je lui avais menti, etc. Comment l'a-t-il su? Mystère total, même aujourd'hui. Mais comme il l'a exigé j'ai cessé de communiquer avec Crisco, après lui avoir expliqué, par courriel, ce qui était arrivé. Ce fut triste mais nécessaire, je savais que ce genre de personne était toxique pour moi, dangereuse, que je sois célibataire ou non.

 

Donc, ce que je croyais la fin du conte était heureuse; malgré ses menaces, M. Data m'a gardé auprès de lui, moi je l'ai gardé pour trois autres années par la suite, j'ai été éloigné de ce garçon trop beau (et qui sait qu'il est beau), qui avait une influence malsaine sur moi. Sauf que j'ai dû dépoussiérer ces souvenirs récemment, puisqu'il m'a recontacté par Internet. Ajouterai-je un nouveau chapitre à ce conte? Seul le temps le dira...

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